Angelina
Angelina, 20 ans, Elle
Angelina croit aux miracles et aux anges, mais c’est son amour pour Angelina Joli qui lui a inspiré son nom. « On m’a souvent fait remarquer que nos yeux se ressemblent », dit-elle avec un sourire coquet.
Sur un ton plus sérieux, du haut de ses 20 ans, elle ajoute : « Depuis que je suis petite, je sais que je suis née dans un corps qui n’est pas le mien. »
À l’âge de 15 ans, Angelina voit la Vierge lui apparaître en rêve. Née dans une famille druze en Syrie, elle ne peut se convertir au christianisme mais ses nombreuses visites au prêtre du quartier lui permettent de trouver un refuge dans cette foi. Croire aux miracles, croire en la Vierge, croire en un Dieu miséricordieux, permet à Angelina de vivre sa différence dans une paix que sa famille et son pays ne peuvent pas lui offrir.
Angelina est une femme dans l’âme qui, à 20 ans, paye cher le prix d’être née transgenre dans un monde impitoyable dans lequel elle se fait insulter, frapper, voler et même jeter en dehors d’un autobus en marche.
Réfugiée au Liban, elle se convertit au christianisme et trouve une certaine paix d’esprit mais aucune sécurité physique. Le harcèlement continue, la discrimination aussi, ensuite les blessures et la perte totale de son foyer le 4 août 2020 :
« Ce fut un matin pareil à tant d’autres matins
Mais le soir fut un soir durant lequel le soleil s’est éteint
Pour rayonner de nouveau et diffuser la tristesse »
La passion d’Angelina pour la religion et les Écritures façonne aussi sa pensée. Si elle est en mesure de réciter les psaumes de David par coeur sans aucune hésitation, elle est aussi capable de raconter sa vie en versets. Inspirée et sûre d’elle, elle nous livre cette tirade magistrale :
« Lorsqu’un être humain longe les murs
En suppliant Dieu de le protéger
Lorsqu’une personne quitte sa maison
Pour visiter celle d’un ami
Avec des écouteurs aux oreilles
Pour ne pas entendre les mots dans la rue
Afin d’éviter les échanges et les problèmes
Lorsqu’une personne comme moi quitte sa maison
Une personne qui n’aime faire du mal à personne
Qui n’aime pas tuer, qui n’aime pas voir le sang couler
Qui n’aime pas voler, qui n’aime pas kidnapper
Ils disent qu’on nuit à la réputation du pays
En parlant de moi et de ceux qui me ressemblent
Lorsque nous trouvons un chat ou un chien dans la rue
Nous l’ôtons du milieu du chemin pour éviter qu’il se fasse écraser
Ils disent qu’on nuit à la réputation du pays
Que nous sommes sans honte ni pudeur
Alors que nous sommes probablement le berceau de la bonté
De la sensibilité et des bons sentiments
Nous devons être considérés comme un symbole de paix
Un symbole d’amour et de fraternité
Parce que le lien qui nous rassemble
Qui unit les gens de ma communauté
Possède une force à nulle autre pareille »
L’objet réconfortant
Nous avons demandé aux participantes et participants d’apporter au choix et sans obligation, un objet réconfortant qu’elles et qu’ils aimeraient avoir durant l’entrevue. Angelina a apporté un chapelet, qu’elle ne cesse d’égrener, ou plutôt caresser, durant notre rencontre: «Lorsque vous avez une force sur laquelle vous pouvez compter ou une prière en laquelle vous croyez, il est impossible d’être un jour vaincu ou déçu.»
Les besoins d’Angelina
6 mois de frais de loyer, transports, nourriture, vêtements: 6 000 CAD